Témoignage de Nathalie et Lucile, référentes éthique

Après un BTS en Commerce International, Nathalie Carreira (NC) a travaillé pendant de nombreuses années dans la grande distribution. Elle a ensuite intégré le secteur sanitaire en tant que secrétaire d’accueil dans un établissement, puis a évolué vers le poste de gouvernante et a obtenu son diplôme de responsable d’hébergement en milieu médicalisé. En 2019, elle a été recrutée comme responsable hôtelière à la résidence Les Cèdres.
Lucile Candela (LC) est infirmière depuis 2002. Elle a travaillé pendant 13 ans en milieu hospitalier à Créteil, en médecine post-urgence. Elle s’est ensuite tournée vers le secteur médico-social pour découvrir le domaine du grand-âge et une autre manière d’exercer son métier. Lucile a été recrutée aux Cèdres en 2014.
Nathalie et Lucile sont toutes deux référentes éthique au sein de la résidence Les Cèdres.
Pouvez-vous nous parler de votre rôle en tant que référent éthique dans l’Ehpad ?
NC : Notre rôle consiste principalement à observer. En tant que référents éthiques, dès qu’une question ou une interpellation nécessite une discussion collective, nous organisons des débats éthiques. Le lancement de la démarche éthique et de bientraitance aux Cèdres a été initié à la suite d’interrogations liées à une activité de courses. Des questions telles que : un résident diabétique peut-il acheter des biscuits sucrés si sa famille n’est pas d’accord ? Ou encore peut-il acheter un paquet de cigarettes ou une boisson alcoolisée ? Pour répondre à ces questions, nous avons organisé une première réunion avec tout le personnel. Nous avons constaté que, entre professionnels, nous étions plutôt permissifs, partant du principe que les résidents vivent en collectivité et subissent déjà des restrictions. Cependant, il est important de prendre en compte l’avis des familles lorsqu’elles ne sont pas d’accord. Rapidement, nous avons réalisé qu’il était nécessaire d’échanger avec les résidents et les familles pour trouver la meilleure solution possible. Ainsi, nous avons organisé notre premier atelier Éthique et bientraitance, réunissant professionnels, résidents et
familles pour débattre de ces sujets. Cet atelier a été un véritable succès pour tous ! D’ailleurs, un résident nous demande régulièrement quand aura lieu le prochain débat.
LC : Il y a également des réunions éthiques réservées aux professionnels, axées sur des questionnements spécifiques. Lors de ces réunions, nous pouvons également utiliser le jeu Ethico. C’est un outil très fédérateur qui nous permet de mieux nous connaître. Ces séances ont lieu une fois par mois. Aussi, durant les transmissions, nous avons des débats plus informels sur nos attitudes, celles des résidents ou des familles. En fait, l’éthique fait partie de notre quotidien !
Comment la démarche éthique et de bientraitance lancée début 2024 par l’Association Monsieur Vincent a-t-elle été accueillie par les équipes de votre établissement ?
NC : Au début c’était une découverte ! Lors de la première formation, on se demandait à quelle sauce on allait être mangé ! Mais dès que le formateur du Cabinet Socrates a lancé le débat, nous avons rapidement commencé à échanger. Toutes les équipes sesont mobilisées. En matière d’éthique il n’y a ni bonne, ni mauvaise réponse, les professionnels peuvent s’exprimer très librement. C’est vraiment le moment où l’on peut prendre le temps de se poser, de réfléchir et d’échanger.
LC : Oui, c’est vrai ! Les professionnels ont très bien accueilli cette initiative. Ils ont été très réceptifs et ont beaucoup apprécié pouvoir échanger différemment, sans distinction de catégorie professionnelle. On est tous ensemble dans la salle pour s’interroger sur un sujet, peu importe le métier qu’on exerce puisque nous avons tous été formés à l’éthique.
Avez-vous rencontré des difficultés pour la mise en place de cette démarche dans votre établissement ?
LC : C’est vrai que nous sommes toutes les deux très occupées. Il est essentiel de réussir à dégager du temps et à en faire un réflexe quotidien. Cela demande une véritable coordination avec les différentes équipes. Le fait d’être en binôme est un atout, car nous pouvons nous répartir l’organisation. De plus, aux Cèdres, nous sommes complémentaires : je suis aux soins et Nathalie est responsable hôtelière. Nos métiers nous donnent des ressentis et des sensibilités différents.
NC : Lorsque nous fixons la date de nos réunions éthiques, nous en discutons au préalable avec les différents chefs d’équipe afin que les équipes soignantes et hôtelières puissent également se libérer pour y participer. Certains n’hésitent pas à réduire leur temps de pause pour pouvoir y assister. Lucile a raison, le binôme est une force. Les hôteliers et les soignants n’ont pas le même rôle. Lorsqu’un hôtelier vient faire l’entretien d’une chambre, il n’a pas le même contact avec le résident qu’un soignant qui vient pour réaliser un soin.
Comment les formations dispensées par le cabinet Socrates ont-elles aidé les professionnels à mieux comprendre et appliquer les principes éthiques ?
LC : En réalité, les collègues se posent naturellement des questions sans toujours réaliser qu’elles font de l’éthique. Elles n’utilisent pas toujours le terme « éthique », mais le questionnement est bien présent ! La formation a permis de mettre des mots et de définir un cadre.
NC : L’éthique c’est un peu un mot flou mais il est juste ! Lorsque nous avons mis l’affiche pour indiquer la première réunion éthique, les équipes se demandaient de quoi il s’agissait. Cela peut faire peur ! Pourtant, on fait tous de l’éthique à notre niveau. On est tous consciencieux et respectueux.
Comment les référents éthiques collaborent-ils avec les autres membres du personnel pour promouvoir une culture de bientraitance ?
NC/LC : Aux Cèdres, nous avons une référente bientraitance qui est présente à chacune de nos réunions et débats avec qui nous nous coordonnons. Et inversement, nous sommes présentes lors de ces sensibilisations à la bientraitance. Pour vous donner un exemple, en ce moment, la référente bientraitance travaille sur les bons mots, éviter d’utiliser l’impératif…