FAQ

Quel est le rôle du psychologue au sein d’un Ehpad ?

Mes missions sont liées aux besoins et attentes des résidents que nous accueillons. Une personne âgée qui arrive en Ehpad vit un vrai bouleversement dans sa vie, une véritable rupture. Aujourd’hui, une personne âgée arrive rarement dans un Ehpad de son propre choix. C’est souvent une entrée dans la dépendance associée à un sentiment de vulnérabilité, de deuil lié à la perte de son « chez soi », à la séparation d’un proche, à des attaches humaines et matérielles qui se brisent.

Le métier du psychologue, en premier lieu, est d’aider la personne à appréhender sa nouvelle vie à l’Ehpad et sa dépendance à l’autre, à reconstruire une nouvelle manière de vivre. C’est être à l’écoute des résidents dès leur entrée, et aussi apprendre à les connaitre, connaitre leur vie passée pour comprendre comment ils peuvent vivre aujourd’hui.

Une autre partie de mon travail est d’être auprès de l’entourage qui, lui aussi, vit avec émotions l’entrée du proche en Ehpad : parfois un sentiment de culpabilité parce qu’il a pris la décision de faire rentrer son parent au sein de la structure.

Le travail du psychologue c’est de se positionner entre toutes ces personnes : le résident, les familles et les professionnels afin d’accompagner au mieux la personne âgée pour qu’elle puisse avoir la meilleure qualité de vie possible à l’Ehpad.

 

Comment se déroule la prise en charge d’un résident ?

Déjà, c’est un travail de l’humain, il n’y a donc aucune généralité !

Dès le début, il est important est de déceler les risques psychologiques qu’ils pourraient y avoir. Ensuite, bien connaître le vécu de la personne.  Pour cela, il y a plusieurs démarches :

Avant que le résident arrive, il y a une prise d’informations auprès de l’entourage afin qu’avant même son arrivée, moi et l’équipe puissions comprendre comment la personne vivait.

Il existe aussi des visites de pré-admission afin de mieux préparer le résident, qui permettent de faciliter son entrée.

Certaines personnes ne sont plus en capacité de s’exprimer. Dans ce cas-là, je vais plutôt solliciter la famille pour recueillir le vécu et l’histoire de la personne.

Une fois arrivé, je vais proposer au résident de me parler de son vécu, de ce qu’il aime, de ce qu’il a moins aimé dans sa vie, s’il a eu des difficultés ou à l’inverse des bonheurs. Puis, je l’interroge ensuite sur ses attentes et ses envies.

Dans un second temps, il y a le bilan psychologique qui est établi à l’aide d’indicateurs et d’échelles d’évaluation. Cela se fait par un entretien clinique, ainsi qu’avec quelques tests neuropsychologiques, plutôt rapides à passer pour les résidents, afin d’avoir une photographie des troubles observés chez le résident. Bien souvent, l’entrée dans la dépendance est liée à des troubles neuropsychologiques.

Ensuite l’accompagnement va dépendre de la personne. Pour certains, il va y avoir la mise en place d’entretiens clinique d’accompagnement.

Enfin dans une démarche beaucoup plus continue, il y a le projet d’accompagnement personnalisé de la personne qui est un travail pluridisciplinaire. Il vise à écouter et observer le résident pour répondre à ses souhaits, à ses besoins et ses attentes, puis définir des objectifs d’amélioration de son accompagnement.

 

Comment travaillez-vous avec les autres métiers de l’Ehpad ?

Le travail du psychologue n’est pas un travail en solitaire !

De manière hebdomadaire, le psychologue intervient dans les réunions de transmissions avec les aides-soignants, les infirmières, le médecin coordonnateur. Ces rencontres permettent d’avoir un retour d’informations sur le vécu au quotidien des résidents.

Puis, il y a le projet d’accompagnement personnalisé du résident. Une fois par an au minimum, cela peut-être plus selon les besoins, on fait une synthèse complète sur l’accompagnement pour définir de nouveaux objectifs à mettre en place pour améliorer la qualité de vie du résident.

Au sein de notre résidence nous avons un PASA pour lequel une fois par semaine également nous allons faire une réunion synthèse sur les activités thérapeutiques, les bénéfices sur les résidents, ce qu’ils pourraient avoir de nouveau à développer, les relations avec les familles,…

Il y aussi les réunions projet qui portent sur un projet spécifique, ou encore des commissions d’éthique dans lesquelles nous allons échanger sur des questions bien précises sur un accompagnement.

Vous êtes également un interlocuteur auprès des familles , en quoi est-ce important qu’elles aussi soient écoutées ?

La famille doit toujours être associée dans l’accompagnement du résident. Avant l’entrée d’un résident en établissement, il y a souvent une décision familiale prise. La famille veut toujours le meilleur pour son parent. Associé à un sentiment de culpabilité cela peut certaines fois s’exprimer par des exigences ou des demandes déraisonnées par rapport aux moyens que nous possédons et pas toujours en adéquation avec les besoins du résident. La première chose que nous devons faire est de rassurer la famille et de rester à leur écoute pour instaurer un climat de confiance.

Dans l’accompagnement au quotidien, les échanges avec les familles sont fréquents parce que l’autonomie du résident évolue avec le temps. La personne continue de vieillir et devient de plus en plus dépendante. Accepter le vieillissement de son parent n’est pas toujours simple, cela nécessite parfois d’accompagner les proches dans cette acceptation. C’est un travail que je fais souvent avec le médecin car il y a des aspects médicaux qui rentrent en jeu.

Puis lorsque arrivent les derniers instants, je suis aussi là pour accompagner les proches qui le souhaitent, où parfois une simple présence suffit dans ses moments douloureux.

 

Que conseillerez-vous à un psychologue en formation qui souhaite s’orienter vers le Grand-âge ?

Être capable de s’étonner de la personne âgée ! On peut avoir 90 ans et vivre les choses comme si on en avait 20. Il faut sortir des idées reçues : il n’y a pas que Mamie Nova et Tatie Danielle !

Travailler auprès de nos aînés est une véritable richesse humaine et peut remettre en cause nos représentations du Grand âge. La personne âgée a vécu mille et une choses. Travailler auprès d’elle peut bouleverser nos représentations sur elle mais aussi sur la vie et sur la mort.

On peut avoir des angoisses de mort en tant que jeune psychologue et s’apercevoir qu’en fin de compte arrivé au Grand âge, les personnes âgées sont bien souvent en paix avec cette idée. Il n’y a donc aucune raison de projeter nos angoisses de mort sur ces personnes qui pour la plupart sont sereines avec cela.

Souhaitez-vous ajouter autre-chose ?

En travaillant au sein d’un Ehpad, nous sommes évidemment confrontés à la mort. Mais nous sommes aussi là pour que les résidents puissent avoir une belle fin de vie, et tout l’Ehpad est un lieu de vie, un lieu de richesses sociales extrêmes tant pour les résidents que pour les familles. Nous avons aussi la chance chez Monsieur Vincent d’avoir des bénévoles et des jeunes qui interviennent. Tous ces liens, toute cette humanité, toutes ces valeurs partagées sont très appréciables. Être un psychologue en Ehpad et a fortiori à Bonnière-Saint Aldric c’est exceptionnel !